ARISTOTE

Aristote est un philosophe grec qui naquit à Stagire (actuelle Stavros) en Macédoine384 av. J.-C., et mourut à Chalcis, en Eubée, en 322 av J.-C. Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote

Biographie 

Son œuvre comporte très peu de détails biographiques. De même, il n’existe guère de témoignages contemporains qui nous soient parvenus. Sa biographie n’est donc connue que sur des grandes lignes.

Son époque est marquée par le renouveau de l’empire macédonien et le déclin de l’influence de la démocratie athénienne. C’est à Aristote que le conquérant Philippe II de Macédoine confia l’éducation de son fils Alexandre le Grand, avalisant peut-être ainsi l’idée de Platon selon laquelle puisque les philosophes ne peuvent devenir rois, il convient que les rois deviennent philosophes (Lettre VII).

Fils de Nicomaque, médecin d’Amyntas III de Macédoine, et d’une sage femme, Aristote était assoiffé de connaissance. Pour ces raisons, il suivit à Athènes les cours d’Isocrate, mais peu satisfait il décida de rentrer à l’Académie de Platon à l’âge de 18 ans (vers 367 av. J.-C.). Il y fut remarqué notamment pour son intelligence. Platon lui donna même le droit d’enseigner. Il rédigea de nombreux récits et s’intéressa à la vie politique locale mais ne put y participer du fait de son statut de métèque (« étranger » à la cité).

Il demeura à Athènes jusqu’en 348 av. J.-C., jusqu’à la mort de Platon puis rejoignit à Assos, en Éolide, le roi Hermias, un ancien condisciple. Il y débuta des études de botanique et y épousa Pythias.

À la mort de son protecteur, il rentra en Macédoine et devint le précepteur d’Alexandre le Grand. À la cour du roi de Macédoine, Philippe, il acquit de nombreuses amitiés. Devenu veuf, il se remaria avec Herpyllis de qui il eut un fils qu’il nomma Nicomaque, du nom de son propre père.

En revenant à Athènes, peu satisfait par Xénocrate, successeur de Platon à l’Académie, il décida de fonder le Lycée, également appelé École péripatétique (« marcher en faisant cours »), à Athènes en 335 av. J.-C.. Menacé par le parti anti-macédonien à la mort d’Alexandre le Grand, il fuit Athènes et, sentant la mort arriver, rédigea son testament dans lequel il lègua son Lycée à Théophraste. Il mourut à Chalcis en 322 av. J.-C.. La même année, le royaume macédonien s’emparait d’Athènes.

L’étude de la nature

La physique 

Article détaillé : La Physique (Aristote).

La physique est, comme l’indique son nom, la science de la nature (« physique » vient du grec physikê signifiant « nature »). Comme toute science, elle a pour but de connaître son objet par les causes. Ce concept de nature désigne pour Aristote un principe interne de mouvement et de repos. La première chose à faire pour établir cette science, une fois le mot défini, est de montrer que la nature existe : y a-t-il des choses en mouvement, et la cause de ce mouvement est-elle une nature, i.e. un principe ?

Aristote tente de définir le mouvement : « acte de la puissance en tant que telle » (Physique, III, 1, 201, a 10s). Certains traducteurs écrivent « tel » au masculin. Que faut-il en penser ? Cette question est toujours l’objet d’une réflexion approfondie.

La biologie 

Les œuvres consacrées à la biologie représentent près du tiers de l’œuvre d’Aristote. On pense généralement que ces œuvres sont les plus tardives, écrites bien après l’Organon ; il abandonne complètement sa logique, au profit de la seule observation : la théorie devra rendre compte de ce qui est observé, et non l’inverse — alors que Platon, dans sa classification des animaux (cf. Le Sophiste) met les poissons dans le même groupe que les oiseaux, ou qualifiait l’homme d’« animal bipède sans plumes ».

Ces œuvres semblent adressées à un public cultivé, moins large que celui auquel les dialogues étaient destinés, mais ne se limitant pas aux membres du Lycée.

Une des difficultés auxquelles se heurte Aristote est que la nature est le lieu de l’accidentel : on ne peut discourir sur ce qui se produit nécessairement, comme c’est le cas pour la théologie ou les mathématiques, mais sur ce qui se produit le plus souvent : le meilleur exemple est l’existence des monstres. La nature n’est pas pour autant complètement livrée au chaos, un ordre se dégage de l’observation : « la nature ne fait rien en vain ni de superflu » : tout a sa raison d’être, donc est explicable par la raison.

Cette œuvre est principalement descriptive : L’Histoire des Animaux n’est qu’une compilation de faits concernant la vie des différentes espèces animales ; Parties des Animaux s’intéresse lui à la classification des animaux par genre et par espèce. Il est intéressant de noter que ce pan de la science aristotélicienne aura une durée de vie bien plus importante que sa physique : cette dernière fut critiquée et mise à bas par les découvertes de Galilée, mais la classification des animaux d’Aristote perdurera elle jusqu’à Buffon (1707-1788).

Les végétaux

Il n’évoque les végétaux que pour les situer dans un plan plus général d’organisation des organismes vivants, Aristote ne s’intéresse qu’assez peu à l’étude des plantes pour elles-mêmes.Aristote dit que les plantes se nourrissent essentiellement d'humus, c'est-à-dire de matières organiques, qu'elles puisent dans le sol.

Les oiseaux 

Aristote traite des oiseaux dans le livre IX de l'Histoire des animaux. Mais les espèces qu’il cite le sont dans le désordre et ne relève aucune tentative de classification. Les faits bien réels et bien observés sont mélangés à de nombreuses erreurs ou de légendes. Aristote affirme ainsi que si le tonnerre gronde durant l’incubation, les œufs ne donneront aucune naissance ou que le rossignol se cache durant tout l’hiver pour ne réapparaître qu’au printemps.


Postérité

L’œuvre d’Aristote a eu une postérité considérable. Son œuvre s’est transmise en plusieurs étapes, avec de fortes remises en cause.

Ainsi, les ouvrages d’Aristote tels que nous les connaissons n’ont en fait pas été conçus par Aristote lui-même. Le classement de ces notes en volumes est dû à Andronicos de Rhodes, le premier éditeur d’Aristote, qui vécut vers le IIe siècle av. J.-C. Nous lui devons les titres des ouvrages d’Aristote, comme Éthique à Nicomaque ou la Métaphysique.

À la disparition du Lycée, certains travaux d’Aristote disparaissent ; des ouvrages sont perdus (dont une partie, qui n’était vraisemblablement composée que de copies des originaux, lors de la destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie), et la Métaphysique ne fut éditée que très tardivement.

Le philosophe latin Boèce, également consul de l’empire Romain autour de l’an 500 sous le roi ostrogoth Théodoric le Grand, traduisit la Logique et les Analytiques d’Aristote. Il laissa en outre trois livres de commentaires. Son œuvre, à la disposition des intellectuels du haut-Moyen Âge, fait de lui un relais majeur entre l’Antiquité et le Moyen-Âge occidental.

Au Moyen Âge, sa philosophie spéculative fut redécouverte, dans un contexte de rivalités d’écoles, grâce aux philosophes judéo-musulmans, en particulier à Maïmonide et Averroès. Au XIIe siècle se déroula un mouvement général de traduction d’œuvres de philosophes et scientifiques grecs et arabes par des équipes comprenant des représentants des trois grandes religions monothéistes (christianisme, judaïsme, islam). Ces traductions eurent lieu entre 1120 et 1190, à Tolède puis dans quatre villes d’Italie (Palerme, Rome, Venise, Pise), Cette période correspond à la Renaissance du XIIe siècle. Les œuvres d’Aristote furent traduites mot à mot en latin par Albert le Grand et Guillaume de Moerbeke, proche de Thomas d’Aquin.

Au XIIIe siècle, la philosophie aristotélicienne, transformée par Thomas d’Aquin en doctrine officielle de l’Église catholique, devint alors la référence philosophique et scientifique de toute réflexion sérieuse, donnant ainsi naissance à la scolastique et au thomisme. On considère que Thomas d’Aquin a effectué une réconciliation entre les œuvres d’Aristote et le christianisme. Le succès de cette entreprise fut si grand qu’on nommait Aristote simplement « le Philosophe ».

Article détaillé : scolastique.

Le franciscain Roger Bacon, au XIIIe siècle, entreprit de vérifier par curiosité certains aspects de l’œuvre d’Aristote qui n’avaient pas fait l’objet d’une révision critique. À sa surprise, il découvrit que quelques faits exposés dans l'Organon étaient erronés.

Des controverses internes à la scolastique avaient commencé à entraîner son déclin au XVIe siècle : en France, le premier à remettre en cause la doctrine d’Aristote fut Pierre de la Ramée (1515-1572) qui déclara dans sa thèse : quaecumque ab Aristotele dicta essent commentitia esse, tout ce qu’a dit Aristote n’est que fausseté.

Il faudra attendre Galilée puis Torricelli et Blaise Pascal pour que, sur des bases expérimentales, quelques-uns de ses enseignements en matière de sciences physiques soient contestés : suicide du scorpion entouré de flammes, vitesse de chute des corps proportionnelle à leur poids, horreur de la nature pour le vide, etc. Les critiques de l’époque moderne ne sont pas surprenantes étant donné qu’Aristote vécut au IVe siècle av. J.-C.., et qu’il ne disposait pas des moyens d’observation et d’expérimentation scientifiques apparus à partir du XVIIe siècle.

Aristote peint par Raphaël
Aristote peint par Raphaël

À partir du début du XVIIe siècle, la controverse sur les représentations du monde (géocentrisme contre héliocentrisme) entraîna la remise en cause de l’œuvre d’Aristote. En effet, dans ce que l’on appela ultérieurement la métaphysique (Aristote), Aristote représentait le monde en deux parties (sublunaire et supralunaire). Les astres étaient supposés être des sphères parfaites. Cette conception dans laquelle la Terre se trouvait au centre de l’univers, déjà remise en cause par Copernic (1543), fut évidemment fortement discutée à partir du début du XVIIe siècle par des personnages comme Giordano Bruno, et surtout Galilée. Galilée avait mis en scène dans le dialogue sur les deux grands systèmes du monde (dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo de 1632) trois personnages, dont l’un (Simplicio) était favorable aux théories d’Aristote. Galilée fut condamné en juin 1633, et sa peine commuée par Urbain VIII en assignation à résidence.

Article détaillé : Galileo Galilei.

Descartes apprit l’issue du procès de Galilée en novembre 1633, et lorsqu’il reçut un copie de l’ouvrage de Galilée, il renonça à publier son propre ouvrage (le traité du monde et de la lumière).

C’est ainsi que Descartes décida de se lancer dans une carrière philosophique, et écrivit successivement le célèbre discours de la méthode (1637), les méditations métaphysiques (1641), et les Principes de la philosophie (1644). Descartes, influencé par les idées de son siècle, critiqua les positions des "aristotéliciens".

On reprochait à l’œuvre d’Aristote quelques invraisemblances dans sa physique, par rapport aux découvertes de la science moderne au XVIIe siècle, comme par exemple :

  • Monde sub-lunaire/ supralunaire (Sphères parfaites, en contradiction avec les montagnes sur la lune, les taches solaires, les satellites de Jupiter observés par Galilée),
  • Mouvement, associé à la force, et non à l’accélération (en fait la force correspond à la cause efficiente).

La philosophie cartésienne et ses suites au XVIIIe et XIXe siècle (idéologies) eurent donc pour effet de faire oublier la métaphysique d’Aristote, et par voie de conséquence, toute sa philosophie et la métaphysique. Dans la plupart des ouvrages d’histoire des sciences et de philosophie, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’œuvre d’Aristote a systématiquement été décriée, en raison de la représentation géocentrée, en même temps que l’on critiqua les erreurs de l’Église catholique dans le procès de Galilée.

La grande influence de cette œuvre s’explique sans doute en partie par son caractère encyclopédique, qui tente de totaliser le savoir. Platon l’appelait d’ailleurs « le lecteur ». Pourtant, si l’on a pu considérer Aristote comme la synthèse incarnée de toute la culture philosophique et scientifique grecque, il n’est pas concevable de considérer, aujourd’hui comme hier, que sa philosophie donne une réponse simple et définitive à toute question : au contraire, la lecture attentive de ses œuvres montrent qu’Aristote avait conscience de ce qu’il peut y avoir d’interminable dans la recherche de la vérité, et que certaines questions d’ordre métaphysique restent ouvertes. C’est la postérité d’Aristote qui en donnera une image de dogmatique ayant réponse à tout, et c’est cette image qui sera combattue par Francis Bacon dans son Nouvel Organon.

Historiquement, Aristote apparaît comme le premier auteur effectuant des classifications hiérarchiques du savoir de façon systématique. Ce mode de classement, qui pourrait être de son invention (il était en tout cas inconnu des bibliothécaires de Sumer), a survécu jusqu’à nos jours. Il est employé par exemple dans les cartes heuristiques depuis les années 1970, dans un esprit holistique. Nous ne commençons à nous en détacher qu’avec les bases de données relationnelles.

En septembre 1998, une encyclique du pape Jean-Paul II (Fides et ratio) souligne l’importance de la philosophie d’Aristote dans la transmission du savoir.

Cette encyclique mentionne l’importance de la philosophie de la nature.

 

Liste des œuvres 

Manuscrit médiéval de la Physique d’Aristote
Manuscrit médiéval de la Physique d’Aristote

Note : cette liste n’est pas chronologique, mais représente l’ordre traditionnel du corpus aristotélicien. L’attribution de certaines œuvres est douteuse (d dans la liste).

  • De la Génération et de la Corruption
  • Sur L’Univers
  • La Physique
  • Traité du Ciel
  • Les Météorologiques
  • De l’Âme
  • Petits Traités D’Histoire Naturelle
    • De la sensation et des sensibles
    • De la mémoire et de la réminiscence
    • Du sommeil et de la veille
    • Des rêves
    • De la divination dans le sommeil
    • De la longévité et de la vie brève
    • De la jeunesse et de la vieillesse
    • De la respiration
    • De la vie et de la mort
  • Histoire des Animaux
  • Parties des Animaux
  • Du Mouvement des Animaux
  • Marche des Animaux
  • Génération des Animaux
  • Travaux Mineurs
    • Sur les couleurs
    • Sur l’audition
    • Physiognomoniques
    • Sur les plantes
    • Sur des faits étonnants
    • Problèmes mécaniques
    • Sur les lignes invisibles
    • De l’origine et des noms des vents
    • Sur Melissus, Xenophane et Gorgias